Un bocal contenant des pièces de monnaie qui laisse pousser une plante

Femmes et Investissement Éthique | Comment se Lancer ?

Déjà notre 4e article consacré à l’investissement éthique pour les femmes ! Si vous n’avez pas lu les 3 premiers, je vous conseille d’y jeter un œil pour bien comprendre tous les concepts abordés dans l’article. Alors sans plus attendre, allez lire le 1er, le 2e et le 3e, je vous attends bien sagement ici.

Investir ses finances personnelles, ce n’est pas une démarche anodine. Il faut déjà comprendre en quoi ça consiste. Ensuite, il faut accepter le risque lié. Enfin, le fait d’investir en bourse ou sur des produits financiers proposés par la banque souffre encore d’une mauvaise image. À raison ? Peut-être. Le manque de transparence quant à l’utilisation des fonds investis est un frein pour la majorité des investisseurs, et surtout des investisseuses. Pire encore, quand on sait où notre argent est injecté, c’est parfois la douche froide. Des projets qui n’ont aucun sens social ou environnemental, et qui font même du mal aux populations et à la biodiversité, on n’a pas envie d’y mettre nos billes. Il existe pourtant une solution : l’investissement éthique. Alors, qu’est-ce qu’investir responsable ? Et comment se lancer dans l’investissement éthique en tant que femme ?

Qu’est-ce que l’investissement éthique, ou responsable ?

Le rapport particulier des femmes à l’investissement responsable

Les femmes sont les plus engagées dans le défi climat, et elles le font savoir dans leur manière d’investir. Cet article des Échos nous apprend par exemple que 58 % des femmes qui investissent préfèrent privilégier un investissement durable plutôt qu’une rentabilité. Attention, cela ne veut pas dire que la rentabilité n’est pas importante. Mais la dimension sociale et environnementale prend une place prépondérante dans notre manière de placer notre argent. Une information confirmée par cette autre étude, menée par BNY Mellon aux États-Unis : ⅔ des investisseuses choisissent des entreprises affichant une politique environnementale ou sociale claire.

Dans cette étude, les chercheurs ont estimé que si les femmes investissement au même rythme que les hommes, c’est 1870 milliards supplémentaires qui seraient injectés dans les investissements responsables, soit l’équivalent… du PIB du Brésil ! Encore une preuve, s’il en fallait, qu’on a besoin de démocratiser l’investissement auprès des femmes.

Qu’en est-il des entreprises dirigées par des femmes ? Là encore, nombreux sont les chiffres qui soulignent la performance de l’entrepreneuriat au féminin : croissance du chiffre d’affaires plus élevé que les hommes, risque moins élevé de faillite ou encore meilleure performance de l’action dans les entreprises cotées dirigées par des femmes.

Sans compter sur un style de management plus humain et un intérêt plus tourné vers le développement durable, d’après cette étude sur les pratiques RSE des PME dirigées par des femmes.

Maintenant, imaginez un peu la puissance combinée d’une plus grande diversité des profils à la tête des entreprises et d’une plus grande proportion de femmes qui investissent. Vous l’aurez compris, les perspectives d’avenir pour l’environnement et l’humain seraient bien meilleures.

Qu’est-ce que l’investissement éthique ?

L’investissement éthique intègre des dimensions environnementales, éthiques et sociales dans la finance, pour contribuer à une économie plus verte.

Il existe plusieurs façons d’investir, et elles sont souvent liées à notre niveau de conscience et d’empathie :

  • stade 1 : la rentabilité à tout prix, basée uniquement sur des critères économiques et de retour sur investissement, quelles que soient les conséquences sur notre environnement ;
  • stade 2 : investir en voulant limiter son impact négatif sur la planète et les populations ;
  • stade 3 : avoir un véritable impact positif et vouloir participer à un monde plus vertueux.

Quand on parle d’investissement éthique, on exclut bien évidemment la première option. Le grand minimum, pour parler de finance responsable, serait d’investir en limitant l’impact négatif sur son environnement, mais il est possible d’agir et de faire fructifier son argent tout en participant à une économie vertueuse, pour vous, pour la biodiversité et pour les générations à venir.

Dans tous les cas et quelle que soit la plateforme utilisée, je rappelle qu’un investissement éthique n’est pas de la charité : cela reste une manière de faire fructifier ses finances personnelles, tout en aidant une ou plusieurs entreprises à développer des projets (vertueux, de préférence). Et ça n’est jamais sans risque : vous devez toujours investir de l’argent dont vous n’avez pas besoin à court terme, et vous prévoir une épargne de sûreté (je vous invite à relire mon précédent article, Femmes et Finances | Qu’est-ce que l’Investissement ? pour y voir plus clair sur ce sujet).

Si les projets et/ou les entreprises dans lesquelles vous avez investi sont bien gérées, vous pourrez avoir un retour sur investissement, via le versement de dividendes ou d’intérêts, une plus-value à la revente et/ou des crédits d’impôts. C’est donc à vous de déterminer les causes ou les problématiques qui vous tiennent à cœur. En clarifiant vos valeurs, vous pourrez choisir des investissements qui les soutiennent.

Apprendre à reconnaître un investissement éthique

Dans cet océan infini d’entreprises, comment reconnaître celles qui ont une stratégie « éthique » ou responsable ?

Les critères de responsabilité, du plus basique au plus impactant

Aujourd’hui, nous bénéficions de plusieurs critères qui permettent d’évaluer le potentiel d’une entreprise en termes de responsabilité (qu’elle soit sociale ou environnementale d’ailleurs). Là encore, il existe plusieurs niveaux d’analyse :

  • l’exclusion sectorielle : elle vise à mettre de côté toutes les entreprises en lien avec certains secteurs d’activité (tabac, alcool, jeux d’argent…)
  • l’exclusion normative : les entreprises qui ne respecteraient pas un traité, une loi, une réglementation
  • les critères ESG (Environnement, Social et Gouvernance) : c’est une analyse extra-financière, c’est-à-dire qui ne se base pas uniquement sur des critères de performance économique. On tient ainsi compte de la gestion des déchets, des émissions de gaz à effet de serre, de la formation du personnel, du dialogue social ou encore de la vérification des comptes.
  • L’ISR (Investissement Socialement Responsable) : encore un cran au-dessus, l’ISR est un label qui accompagne les entreprises dans leur transition écologique. Il intègre les critères ESG et exclut certains secteurs polluants, mais va plus loin en s’intégrant dans une véritable politique vertueuse de la part de l’entreprise, c’est-à-dire qu’il y a un engagement de la part des actionnaires. Les fonds ISR regroupent les entreprises labellisées ISR dans lesquelles on peut investir.
  • L’Impact Investing : l’investissement à impact cherche à produire, comme son nom l’indique, un impact social et environnemental positif. C’est-à-dire qu’elle sera vertueuse pour l’environnement et créatrice d’emplois, par exemple.

Les limites des critères ESG :

  • il n’y a pas de réglementation sur l’équilibre à respecter entre les 3 types de critères (on peut tout miser sur la gouvernance par exemple, et rien sur l’environnement) ;
  • les méthodes de calcul diffèrent d’un organisme d’analyse à l’autre : il faut s’intéresser à la manière dont les entreprises sont analysées ;
  • l’approche Best in Class vise à mettre en avant les entreprises les mieux notées de leur secteur d’activité. Or aucun secteur n’est exclu, donc vous pouvez très bien vous retrouver à investir dans le meilleur du secteur des énergies fossiles. Par exemple, TotalEnergies est noté AA sur la plateforme MSCI.

Comment investir éthique ? Quelques outils

« Maintenant, imaginez un peu la puissance combinée d’une plus grande diversité des profils à la tête des entreprises et d’une plus grande proportion de femmes qui investissent. »

Évaluer l’impact de vos placements financiers

Vous avez déjà un ou plusieurs placements financiers ? Un livret jeune, un livret A, une assurance-vie ? Est-ce que vous savez vraiment comment est utilisé votre argent ? C’est désormais possible en téléchargeant l’appli Rift. Ce projet, initié par Eva Sadoun (co-fondatrice de Lita.co dont on parlera un peu plus loin et intervenante lors du Printemps des Impactrices le 27 avril 2024), vous permet d’analyser votre épargne et d’évaluer l’impact de vos placements, et vous propose des alternatives personnalisées. C’est un peu le Yuka de la finance, en d’autres termes.

Se constituer une épargne de précaution

La première étape avant d’investir, c’est de se prévoir un matelas de sécurité, autrement dit une somme sur un livret, disponible en cas d’urgence. Et la bonne nouvelle, c’est que rien ne vous oblige à ouvrir votre livret chez une banque traditionnelle ! De nouveaux acteurs sont arrivés sur le marché, en voici quelques-uns :

  • Hélios : cette banque, créée en 2020, réinvestit tout l’argent placé par sa clientèle dans des projets en transition écologique. Elle est d’ailleurs 100% transparente sur l’utilisation des fonds.
  • Green Got : tout comme Hélios, Green Got mise sur la transparence pour créer du lien avec sa clientèle. La banque éthique agit sur 3 leviers :
    • les bénéfices liés à l’utilisation de votre carte bancaire reversés à des projets écologiques ;
    • la possiblité d’arrondir les montants que vous payez pour financer une association de votre choix ;
    • une épargne investie pour un futur durable.
  • La Nef : cette banque coopérative fonctionne sans actionnaire : chaque client·e a sa voix au chapitre. Encore une fois, transparence et financement de projets en transition écologique et sociale sont au programme.

Choisir une assurance-vie

Une fois votre épargne sécurisée et bien placée, vous pouvez passer à l’étape assurance-vie. Ce placement présente des avantages fiscaux sur du long terme, mais reste déblocable en cas de coup dur. Goodvest est tournée vers l’avenir, à la fois sur les types de produits financiers proposés (assurance-vie pour personnes majeure et mineure, Plan d’Épargne Retraite) mais également sur les projets financés. Vous pouvez choisir les secteurs dans lesquels vos fonds seront réinvestis. Grâce à un process de sélection bien rôdé (qui prend en compte les critères ESG et l’exclusion de certains secteurs, mais aussi des analyses financières et environnementales), Goodvest s’assure que l’argent confié est bien réutilisé.

Investir en bourse

Investir dans des actions individuelles

Cette solution, intéressante si vous avez le temps et l’expertise pour analyser les entreprises, vous permet de vous constituer un portefeuille d’actifs à votre image. Vous pouvez vous appuyer sur des outils de notations de critères ESG par exemple, et acheter directement des actions sur des plateformes dédiées, comme eToro, Degiro ou Revolut. Attention, ces plateformes ne sont pas spécialisées dans l’investissement responsable. C’est donc bien à vous de choisir les entreprises éthiques dans lesquelles vous souhaitez investir.

Les ETF

Les ETF (ou Exchange Trading Funds) sont des fonds qui reproduisent l’évolution des indices boursiers. Ils sont généralement composés de plusieurs produits financiers issus de plusieurs entreprises. Si on devait faire une comparaison très simple, plutôt que d’acheter 1 produit grand format dans un magasin, c’est comme si vous achetiez un panier avec plusieurs échantillons de plusieurs produits. Vous diversifiez donc votre investissement en un achat ! Pour en savoir plus sur le fonctionnement des ETF, voici un article du site Investir Éthique qui décrit bien le fonctionnement des ETF.

Si les ETF ne sont pas orientés développement durable à l’origine, il en existe aujourd’hui qui tiennent compte des critères ESG ou des labels (dont ISR) pour constituer leur base d’entreprises, comme le FTSE4Good, qui identifie les entreprises qui agissent en faveur de l’environnement, ASPI Eurozone ou encore Rize Sustainable Future of Food UCITS ETF.

Vous pouvez investir indirectement dans des fonds ETF éthiques (via une assurance-vie chez Goodvest par exemple, ou directement via votre PEA (Plan d’Épargne en Actions) pour les fonds qui sont éligibles.

Se lancer hors des marchés financiers : l’investissement participatif

La meilleure manière d’investir éthique, c’est d’investir sur des projets de votre choix. C’est le principe de l’investissement participatif, ou crowdinvesting. Contrairement au financement participatif, ou crowdfunding, pour lequel vous pouvez recevoir une compensation non-monétaire (un livre, un objet, un goodies…), il s’agit là d’un véritable placement pour lequel vous percevrez une compensation financière, un retour sur investissement. Cette compensation peut prendre différentes formes, d’un remboursement de prêt avec intérêt au versement de dividendes ou de royalties.

L’avantage, c’est que vous maîtrisez ce que vous faites de votre argent. L’autre bonne nouvelle, c’est que vous pouvez démarrer votre investissement à partir de 10€ ! Il existe plusieurs plateformes qui sélectionnent les projets selon des critères stricts, pour vous faire gagner du temps.

Les plateformes d’investissement responsable diversifiées

Lita.co : cette entreprise sociale, co-fondée par Eva Sadoun (également à l’origine de Rift) et Julien Benayoun en 2014, porte des projets responsables, que ce soit auprès d’entreprises cotées, de PME, de coopératives ou de foncières solidaires. La sélection des entreprises est rigoureuse et suit un processus d’analyse financière et extra-financière, avant d’être soumise au vote d’un comité d’expert·es.

Ticket d’entrée : 100 €

BlueBees : la plateforme de financement participatif met en lumière des projets liés à la transition écologique, notamment via l’agriculture, l’éducation et l’artisanat, et principalement basés en France. Vous pouvez contribuer en donnant, à partir d’1 € (avec ou sans contrepartie), ou en prêtant une somme comprise entre 50 et 2000 € par projet. Dans ce cas, vous percevez des intérêts de la part de l’entreprise dans laquelle vous avez investi.

Ticket d’entrée : 50 €

Lendahand : Lendahand, c’est l’investissement social dans les pays émergents. L’entreprise néerlandaise sélectionne ses projets en se basant sur certains des ODD (Objectifs de Développement Durable) de l’ONU. Cela fonctionne sous forme de prêts, dont vous recevez un remboursement avec intérêts. Si vous voulez avoir un impact au-delà de nos frontières, et soutenir les projets des premières personnes impactées par le dérèglement climatique, c’est le bon endroit !

Ticket d’entrée : 10 €

WeDoGood : sur cette plateforme, votre impact peut être environnemental, social ou économique. Vous investissez dans un projet, en échange de royalties, soit une petite partie du chiffre d’affaires. Le petit plus ? Vous pouvez accompagner la transition à partir de 10 € seulement.

Ticket d’entrée : 10 €

Mais aussi : Ecoligo, Tudigo, Wiseed

Les structures spécialisées

Vous voulez investir particulièrement dans les énergies renouvelables ou l’agriculture ? Il existe certainement une structure qui pourra répondre à vos besoins. Parmi celles que nous pouvons vous citer (non exhaustif), on trouve Miimosa dans l’agroalimentaire, Enerfip ou Lendosphere dans les énergies renouvelables ou encore Hectarea sur la terre agricole et FEVE sur l’agroécologie.

Ticket d’entrée : les 3 premiers proposent des mises de départ entre 10 et 50 €, tandis que pour les 2 derniers, il faudra investir au minimum 500 €.

Mais aussi : Turbo Cereal sur l’agroalimentaire, MyOptions sur la tech, AkuoCoop sur les énergies renouvelables…

Voilà quelques pistes pour démarrer vos investissements éthiques et commencer à construire votre matrimoine ! Si le sujet de la finance éthique vous intéresse, sachez que l’on va dédier une table ronde à l’équilibre économique dans l’impact lors du prochain Printemps des Impactrices, le samedi 27 avril à l’Académie du Climat à Paris. On y recevra Eva Sadoun, entrepreneure, auteure du livre Une économie à nous et co-fondatrice de Lita.co, Léa Lejeune, journaliste économique et co-fondatrice de Plan Cash, Viviane Bondoma, fondatrice d’Ukuzola et spécialiste du financement inclusif, et la table ronde sera animée par Juliette Quef, journaliste et présidente de Vert, le média qui annonce la couleur ✨

Prenez vite vos places, il est encore temps !!

Pour aller plus loin

Crédits photo principale : Towfiqu barbhuiya sur Unsplash

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