À l’intersection des luttes féministes et écologiques, se retrouve un mouvement grandissant : celui de l’éco-féminisme. Quelques collectifs et associations s’inscrivent dans une double démarche : celle de révéler le plein potentiel des femmes pour participer à la transition écologique. C’est dans ce mouvement que se rejoignent Les Impactrices et Women for Sea. Ces deux associations partagent leurs valeurs et visions pour les femmes et la Terre, depuis plusieurs années déjà. Ce nouvel article écrit à 4 mains souligne l’importance de la collaboration et de la bienveillance entre femmes. Et plus largement, la nécessité d’amplifier la visibilité et l’impact de notre force d’action en faveur d’un monde plus juste et respectueux du vivant.
Faire communauté entre femmes : pourquoi ?
Au cœur de nos deux associations se trouve le besoin de faire communauté. Chacune, à notre échelle, avec nos propres thématiques et moyens, cherche à rassembler les femmes autour de valeurs communes.
Faire communauté, c’est permettre aux femmes de se retrouver, se réunir, autour de valeurs communes, dans une « safe place » où chacune peut être vulnérable et puissante à la fois.
Se retrouver entre femmes, dans une démarche de bienveillance et de non-jugement, où chacune vient avec son histoire de vie, son parcours et ses expériences, permet l’émergence d’un espace où chacune peut apprendre des autres, oser partager son histoire, poser des questions, tendre la main, s’ouvrir à des opportunités…
Pour toutes les femmes qui font partie de ce mouvement, c’est avoir la possibilité d’aller puiser sa force dans un groupe solidaire et inspirant, qui permet de prendre confiance en soi, de révéler son plein potentiel et d’exprimer sa puissance.
Dans une société où les femmes font encore face à de nombreux obstacles, difficultés et oppressions, il est essentiel de pouvoir créer ces espaces permettant la libération de la parole, l’écoute, l’identification à d’autres histoires et parcours…
C’est une étape cruciale pour permettre à chacune de retrouver sa puissance afin de pouvoir (re)prendre sa juste place au sein de la société.
Pour Women for Sea, la non-mixité devient alors un passage nécessaire pour permettre aux femmes de s’entraider et devenir de véritables leviers d’action dans la société de tous les jours.
La nécessité de la coopération entre collectifs
L’incitation à la compétition : l’héritage du capitalisme
Faire communauté va au-delà d’un mouvement intra-associatif et doit pouvoir s’appliquer au sein de la société en générale.
Le système individualiste et compétitif (capitaliste…) dans lequel s’est construit notre société actuelle est un modèle qui s’épuise et ne fonctionne pas face à l’ampleur des enjeux actuels. Pire, il est à l’origine même des bouleversements et déséquilibres sociétaux et environnementaux auxquels nous sommes confrontés.
Entre exploitation des ressources, des terres, mais aussi oppression des femmes et des populations du Sud, nos associations œuvrent pour construire un monde plus respectueux du vivant et plus paritaire, ce qui demande nécessairement de passer par la coopération entre tout le monde.
Même dans le domaine associatif, où chaque structure vient apporter sa pierre à l’édifice pour construire un nouveau monde, le manque de coopération est fort et le sentiment de compétition pour l’accès aux financements se fait ressentir.
Malgré le fait d’être dans une démarche non-lucrative, une grande partie de l’activité d’une association est dédiée à la recherche de financements (publics et privés) afin de pouvoir animer les actions, les projets et s’entourer d’une équipe à temps plein.
Finalement, chaque association se retrouve prise dans une quête personnelle, en compétition avec les autres : « Comment on se démarque ? Quelle est notre valeur ajoutée ? Pourquoi nous choisir nous plutôt qu’une autre ? ». Avec moins de moyens que les entreprises, nous sommes embarquées dans un modèle économique épuisant.
La coopération pour casser les codes
En considérant le manque de moyens financiers (publics et privés…) disponible pour les associations en France, chaque association est confrontée à cette « compétition » qui impose de se positionner individuellement. Alors que nous cherchons plus ou moins toustes à aller dans la même direction : créer un monde plus juste et respectueux du vivant.
À travers cette collaboration entre Women for Sea et Les Impactrices, nous cherchons donc à transposer cette vision de soutien et de collaboration.
C’est d’autant plus fort que la coopération entre femmes est loin d’être encouragée. Il existe certains codes sociétaux, acceptés et bien intégrés par tout le monde, qui sont totalement nocifs pour la collaboration entre actrices et pour l’avancée des causes. Le jugement, la jalousie, la misogynie intériorisée et la compétition entre femmes sont tout à fait normalisés, voire encouragés. Ces phénomènes font partie du récit sociétal que l’on s’est construit autour de groupe de femmes.
À contre-courant de cette pensée, nous cherchons donc à casser les codes. Les femmes qui se réunissent entre elles créent de quelque chose de très beau, puissant et empouvoirant. En ressort une collaboration pertinente, productive et impactante. En prenant le chemin de la coopération et de l’entraide, nous espérons surpasser les maux de la société qui nous font obstacle.
Certes, nos deux associations sont au service de la transition écologique et s’adressent toutes deux aux femmes. Pour autant, nous ne nous considérons pas comme « concurrentes », mais plutôt comme des coopératrices. Des femmes qui se retrouvent autour d’une vision partagée, l’envie de s’empouvoirer mutuellement par nos idées, nos connaissances et nos expertises.
Les femmes, plus que jamais au coeur du changement
Plus engagées, et toujours sous-représentées
Et nous avons plus que jamais, besoin de ces groupes de femmes, de ces associations, ces collectifs, qui se retrouvent, qui collaborent et qui agissent pour faire avancer les causes !
Petit rappel : les femmes représentent 52% de l’humanité et sont plus engagées dans la transition écologique. Pourtant, elles sont encore sous-représentées, notamment dans les postes de direction, de gouvernance et dans les métiers embarqués. Par exemple, elles sont 68% à occuper les postes dans l’ESS, mais seulement 13% à des postes de cadres. Dans l’écologie aussi, il existe malheureusement un « plafond de verre vert ». Le sexisme et la discrimination y freinent aussi la carrière des femmes dans le milieu de la protection de l’environnement.
Plus engagées, moins représentées et pourtant, les femmes sont les plus sévèrement touchées par les effets du changement climatique et autres catastrophes environnementales. Les inégalités se creusent davantage, la violence sexiste augmente, leur santé et bien-être sont compromis. C’est d’ailleurs ce qui fait les fondements de l’écoféminisme. À ce propos, retrouvez l’épisode du podcast Chroniques du Sexisme Ordinaire, « C’est quoi l’écoféminisme », par notre Impactrice Élodie Daussin !
Le changement passera par la diversité et l’innovation !
Nous avons besoin d’elles, de nous ! Chez Les Impactrices, on aime rappeler que « de la diversité naît l’innovation partagée par toustes ». Lorsqu’elles sont incluses dans les processus de prise de décision, les résultats sont plus durables et bénéfiques. Leurs expériences, leurs perspectives et leurs sensibilités sont extrêmement précieuses pour élaborer des politiques efficaces et durables qui répondent à l’ampleur du défi. C’est pourquoi il est indispensable que les femmes soient au cœur de l’impact.
Dans le secteur maritime, elles représentent 2% des marins professionnels. À titre non professionnel, elles sont beaucoup moins présentes dans la plaisance, les navires d’expéditions, scientifiques ou de course au large. Elles font encore face à de nombreuses inégalités salariales et situations sexistes.
Lorsqu’elles ont accès à la mer, les femmes renforcent leur connaissance et leur confiance en elles. Elles découvrent de nouvelles voies professionnelles et deviennent actrices de la protection de la mer.
Plus que jamais, nous devons donner la parole, visibiliser, accompagner les femmes, casser les barrières, dépasser les obstacles, écouter ce qu’elles ont à dire et les laisser prendre leur place. Car un monde où les femmes reprennent leur juste place dans la société sera un monde plus en paix et en harmonie avec le vivant.
Women for Sea et Les Impactrices s’empouvoirent mutuellement. Cela s’est traduit dans un premier temps par l’idée de s’apporter la visibilité auprès de nos communautés respectives, d’autres actions viendront par la suite rassemblant nos enjeux partagés. Qui sait, Les Impactrices prendront peut-être le large aux côtés de Women for Sea ? (stay tuned, inscrivez-vous à la newsletter des Impactrices ou adhérez à Women for Sea !)
Par cet exemple de coopération et de soutien, nous espérons inspirer pour d’autres chemins de faire-ensemble !