Philosophie, géopolitique, sociologie : des études et des inspirations au service de la RSE
Ayant grandi dans un quartier populaire où se côtoyaient des origines sociales et culturelles très variées, Nina a été élevée avec des valeurs chères aux Impactrices : le respect de la diversité et le vivre-ensemble. Après des études de philo, puis de relations internationales, elle se projetait plutôt dans des fonctions diplomatiques « pour contribuer à créer de la paix sur notre planète ». Le secteur privé n’était pas dans son viseur. Pourtant, de stages en rencontres en Asie, Nina s’est retrouvée à la Direction du Développement Durable d’un grand groupe français, leader mondial des services environnementaux.
« Je suis arrivée à ce poste par des chemins de traverse, plutôt que par une autoroute toute tracée ! », se souvient-elle amusée. La jeune recrue se passionne alors pour sa première mission dans le secteur du traitement de l’eau : la réalisation de nombreux entretiens de salarié⋅es sur le terrain, avec une approche quasi sociologique, pour comprendre la valeur sociétale tangible apportée par l’entreprise.
« La Responsabilité Sociale de l’Entreprise (RSE), le développement durable (DD), la performance sociétale sont des mots galvaudés, voire dénigrés. Le plus important est de les envisager comme des vecteurs de transformation de l’organisation à un niveau stratégique. C’est une philosophie pratique qui concerne tout le monde au quotidien »
Nina Cambadélis
Transformer ses imperfections en force, devenir catalyseur du changement
Après des années à se positionner comme accélératrice des transformations dans un contexte multiculturel, multigénérationnel et multidimensionnel, Nina arrive à des points de blocage dans ses fonctions. « J’avais peur de ne pas être assez utile, de ne pas avoir assez d’impact. Impossible d’être experte et moteur sur tous les sujets ! J’ai compris qu’il fallait changer de perspective car il n’y a pas de solution unique à un obstacle. Le dos coincé, une séance d’acupuncture m’a provoqué un déclic : c’est l’activation de différents points d’un écosystème qui peut renverser la tendance ! Je me suis formée au coaching dont je sentais les bénéfices à titre individuel, et aux approches systémiques. S’en est suivi un repositionnement pour devenir catalyseur du changement et un engagement sans précédent de mon écosystème », nous confie-t-elle enthousiaste.
C’est un tournant : Nina devient, en plus de ses fonctions de directrice Développement Durable Asie, coach interne pour faire vivre la « raison d’être » de l’entreprise à tous les niveaux. Pendant plus de 10 ans, elle accompagne des équipes de différents départements à explorer leur potentiel et améliorer les impacts socio-environnementaux du groupe. Au fur et à mesure, le Développement Durable est passé de la périphérie au cœur de la stratégie.
Rendre opérationnel la raison d’être de l’entreprise
Appuyée par la raison d’être qui s’inscrit dans les Objectifs du développement durable (ODD), Nina construit alors sa mission autour de six axes : « Comment transformer, affiner, challenger la stratégie par le biais de la RSE ? Comment acculturer les opérationnels de terrain sur ces enjeux ? Comment créer une gouvernance collaborative ? Au-delà du chiffre d’affaires, quels sont les bons indicateurs pour suivre cette performance plurielle, comprenant les impacts environnementaux et la diversité par exemple ? Comment améliorer la performance opérationnelle sur le terrain ? Enfin, comment enrichir nos offres, en gardant le sociétal dans le viseur ? ».
Des exemples concrets ? L’ouverture de la gouvernance a donné l’arrivée de « critical friends ». Ce comité de parties prenantes externes, non rémunérées, est spécialisé sur les enjeux sociaux, environnementaux et économiques. En Chine, cela a permis l’amélioration des impacts d’un site de traitement de déchets électroniques. Autres exemples : l’attention portée à la biodiversité a permis la réhabilitation d’une zone humide de 8 hectares sur un site industriel près de Pékin. Cet espace est source de grande richesse tant pour la biodiversité – 140 espèces sont revenues, que pour les communautés locales, en termes de qualité de vie. On peut aussi mentionner les nombreux contenus et formats d’événements créés à la fois pour sensibiliser les équipes et valoriser leurs impacts : des podcasts, des formations, des ateliers « Our Purpose in motion », déployés dans toutes les unités opérationnelles à tous les échelons, etc.
De la Responsable RSE à l’entrepreneure et coach à impact
Par la suite, l’envie de Nina de démultiplier ses impacts est si forte qu’elle passe à temps partiel pour exercer le coaching en externe, dans d’autres secteurs. Plusieurs membres de la communauté des Impactrices ont eu la chance de bénéficier de son accompagnement ! Consciente qu’elle a un vrai rôle à jouer aux côtés des acteur·ices du changement, elle quitte définitivement son poste début 2023. Avec Armunia Conseil, c’est le grand saut en tant qu’entrepreneure. Au fil des années, Nina a enrichi ses formations pour apporter une palette d’outils complémentaires et actionnables en fonction des situations : le coaching individuel, d’équipe et d’organisation ; le co-développement, la facilitation et l’intelligence collective ; les tables-rondes et masterclass ; l’animation de la Fresque du Facteur Humain ; l’intégration de conseils d’administration et de comités multi-parties prenantes.
« La durabilité de la nature est garantie par sa perpétuelle évolution »
Nina Cambadélis
Chargée de mission, ingénieur, scientifique, journaliste… Hôpital, association, PME, grand groupe… Nina accompagne désormais une variété d’acteur⋅rices et d’organisations. Inspirée par le biomimétisme, elle s’appuie notamment sur les principes de la permaculture pour faire passer des messages clés sur le blog d’Armunia : « la durabilité de la nature est garantie par sa perpétuelle évolution ». Pour cette spécialiste des transformations, tout changement peut demander un réel effort, mais qui en vaut la peine.
Au bout, l’objectif est bien de prendre plus de plaisir, d’avoir plus d’énergie et plus d’impacts. « Que ce soit avec des professionnel⋅les de l’impact en devenir ou en activité, l’objectif est d’abord de les aider à comprendre si leur travail est source de bien-être, s’il est aligné avec leur raison d’être personnelle. Ensuite, l’enjeu est de clarifier leur vision du futur souhaité et trouver le positionnement qui permettra de maximiser leur impact au sein de leur entité. Enfin, le but est d’activer les bons leviers pour engager leur écosystème à devenir des partenaires proactifs du changement ».
En toute humilité, Nina espère nourrir les réflexions pour que chacun⋅e trouve son propre mode d’action épanouissant.