Cette semaine marque la clôture de la 28ème Conférence des Parties (COP), un événement emblématique qui me rappelle l’atelier que j’ai eu l’honneur d’animer lors de la Local Conference of Youth de Paris (LCOY) en septembre dernier. La réflexion sur la meilleure manière de partager cette expérience a été un parcours en soi, m’amenant à chercher un équilibre entre authenticité et pertinence.
LCOY 2023 : unir les forces pour le climat et le genre
La LCOY, un mouvement initié en 2005, offre une plateforme essentielle pour les jeunes souhaitant influencer le débat climatique. En septembre 2023, notre collectif, les Impactrices, a uni ses forces avec l’organisation Cli’Mates – un laboratoire d’idées et d’actions international, réunissant des volontaires, étudiants et jeunes professionnels, autour des enjeux climatiques. Ensemble nous avons coanimé une LCOY centrée sur l’intersection entre genre et climat.
En tant qu’experte en collaborations génératives, j’ai été chargée de diriger un atelier de co-construction, avec pour but de formuler des propositions concrètes pour la COP 28.
Le partenariat avec Cli’Mates a été une aventure aussi fluide qu’enrichissante.
Les participants ont qualifié l’atelier de fluide, riche, inspirant, et constructif. Malgré un départ retardé, nous avons respecté notre timing, et personnellement, j’ai trouvé beaucoup de plaisir et de sérénité dans cette animation.
Tracer la voie d’un avenir juste et écologique
Notre atelier a été un creuset d’idées innovantes et pertinentes :
1. Repenser l’Éducation pour une Approche Inclusive
La vision des jeunes de la LCOY va au-delà du cadre éducatif traditionnel. Iels plaident pour une réforme de l’éducation, embrassant des méthodes alternatives qui défient les structures de domination et encouragent une compréhension plus profonde des enjeux actuels. Cette approche vise à équiper les jeunes esprits avec la conscience et les outils nécessaires pour naviguer et influencer positivement un monde en constante évolution.
2. Démocratie Représentative : Amplifier les Voix pour Renforcer le Pouvoir
Les jeunes de la LCOY appellent à une démocratie plus représentative et participative. L’idée est de donner plus d’espace et de pouvoir aux citoyen.ne.s, notamment à travers la mise en place de conventions citoyennes avec des habitant.e.s tiré.e.s au sort et l’instauration de quotas de représentativité. Cette démarche vise à faire émerger des débats souvent marginalisés, assurant ainsi une représentativité plus juste et la promulgation de lois plus inclusives.
3. Accessibilité et Participation : Dynamiser les Conseils Citoyens
La troisième proposition se concentre sur l’importance de l’accessibilité et de la participation démocratique. Il est crucial de permettre à toutes et tous, indépendamment de leur âge, genre, classe sociale, etc., de prendre part aux décisions politiques locales. En renforçant le pouvoir d’action et en améliorant l’accessibilité des conseils citoyens, nous pouvons assurer une participation véritablement démocratique et représentative à tous les niveaux de la société.
Ces propositions reflètent la conviction des Impactrices que le changement doit être holistique, s’attaquant aux racines des problématiques actuelles. Adopter ces idées ce n’est pas seulement répondre aux défis climatiques et sociaux ; c’est forger un avenir où chaque individu a sa place, sa voix et son pouvoir d’action pour construire un monde plus juste et durable.
Quelle efficacité pour les COP ? Quel réel impact pour la jeunesse ?
En dépit de cette expérience positive à la LCOY, je ne pouvais m’empêcher de penser aux limites de certaines conférences.
Depuis la création des COP, les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter.
Les Objectifs de Développement Durable pour 2030 semblent hors de portée.
Des records climatiques alarmants sont enregistrés à travers le monde :
- Le 17 novembre 2023, le seuil de +2°C de réchauffement a été franchi à l’échelle journalière pour la première fois
- Le 14 novembre la température ressentie à Rio était de 58,5°C
- Au mois de septembre dernier à Paris la température maximale enregistrée a été de 35°C
Face à ces constats, on peut légitimement se demander quelle est la véritable utilité des COP. Quel impact peut réellement avoir la voix de la jeunesse dans ce débat mondial ?
Une nouvelle vision pour l’action climatique
Je crois que le défi ne réside pas dans l’inaction, mais dans une action mal orientée. Nous devons repenser notre action climatique pour qu’elle ne se limite pas à des arguments rationnels ou à des solutions technologiques éphémères.
Comme l’exprime Aurélien Barreau, astrophysicien et militant écologiste, un changement fondamental dans notre vision du monde est indispensable.
Écrire et partager largement de nouveaux récits
Une action climatique efficace nécessite une refonte de nos récits collectifs, la création de visions d’avenir inspirantes et attrayantes. Il est crucial de privilégier des ateliers interactifs et pratiques qui remettent en question nos croyances et nos valeurs, plutôt que de se contenter de conférences et de débats stériles.
Inviter l’intelligence collective aux tables de décisions
Je rêve d’une COP transformée, où la diversité des nations et des parties prenantes collaborerait en intelligence collective pour assurer l’efficacité des décisions prises.
Imaginons des espaces où les différentes visions de la transition écologique pourraient se confronter et s’intégrer dans le respect mutuel, soutenus par des experts en intelligence collective et en gestion de conflits.
Envisageons des séances de codéveloppement pour favoriser l’entraide et la résolution de problèmes entre pairs. Inspirons-nous du Travail qui Relie, pour intégrer en conscience l’émotion dans nos réflexions.
Le « Travail qui relie », créé par Joanna Macy, est une pratique visant à aider les individus à ressentir et comprendre leur interdépendance avec le monde, pour retrouver leur capacité d’action. Ce processus en groupe se déroule en 4 étapes :
- embrasser la gratitude pour le monde,
- reconnaître notre peine pour ce qui lui arrive,
- changer notre regard sur le monde,
- et enfin, se réapproprier notre pouvoir d’action.
Plutôt que d’animer un atelier pour un public déjà conscient, j’aimerais que ces efforts soient dirigés vers ceux qui sont aux tables de décision. C’est là que l’intelligence collective et l’expertise en gestion de conflit pourraient faire une différence cruciale.